Il y a 30 ans jour pour jour, l’Étoile Rouge réalisait le plus grand exploit de son histoire. Le club serbe devenait la seconde équipe d’Europe de l’Est, après le Steaua Bucarest, à remporter la Ligue des champions. Récit d’un parcours devenu légendaire.
L’Étoile Rouge Belgrade en 1990/1991, c’était une dream team, composée exclusivement de Yougoslaves, à l’exception de Miodrag Belodedici, Roumain d’origine Serbe. Sans LA star Dragan « Piksi » Stojkovic, parti une saison plus tôt à l’OM, mais avec d’autres joueurs talentueux. On peut notamment citer le pied gauche magique de Mihajlović, la rigueur de Jugović, et bien-sûr le talent de Savicevic, Prosinecki et Pancev. La liste des joueurs qui composent l’équipe cette saison-là impressionnera chaque connaisseur du ballon rond :
Gardiens de but : Stevan Stojanović, Željko Kaluđerović, Milić Jovanović
Défenseurs : Duško Radinović, Slobodan Marović, Miodrag Belodedić, Ilija Najdoski, Siniša Mihajlović, Goran Vasilijević, Goran Jurić, Rade Tošić
Milieux de terrain : Vladimir Jugović, Refik Šabanadžović, Robert Prosinečki, Dejan Savićević, Vlada Stošić, Ivica Momčilović
Attaquants : Darko Pančev, Dragiša Binić, Vladan Lukić, Ljubiša Milojević
Le parcours des rouges et blancs
Pour débuter la compétition, l’Étoile Rouge affronte le club suisse du Grasshopper Zurich. Le premier match de cette double confrontation se déroule à Belgrade. Les deux équipes se quitteront sur un match nul (1-1). Au match retour, les Serbes s’imposent largement sur le score du 1-4. Au deuxième tour, Zvezda affronte les Glasgow Rangers. Les deux formations jouent le match aller dans la capitale serbe. Les Belgradois donneront une leçon de football aux Écossais, avec une victoire nette et précise : 3-0. Le match retour dans l’Ibrux Stadium ne sera pas plus spectaculaire qu’à l’aller, et les deux clubs se quittent sur un triste match nul : 1-1.
Place aux quarts et aux Allemands du Dynamo Dresden. Comme au tour précédent, 3-0 pour l’Étoile Rouge qui domine largement les débats. À noter que ce match aller a été marqué par des débordements dans les tribunes, provoqués par les supporters allemands, évacués par les gendarmes locaux. Cette fin de match et ces débordements promettaient un match retour chaud bouillant ! Ce dernier est disputé, l’Étoile Rouge mène 2-1 mais de nouveaux débordements éclatent dans le parcage visiteur. L’arbitre décidera d’arrêter la rencontre car, selon lui, il était « trop dangereux de jouer dans de telles conditions ». Le match sera finalement remporté par les Belgradois sur tapis vert : 3-0.
Voici maintenant les demi-finales, et le Bayern Munich. Le match aller se joue en Allemagne, dans l’Olympic Stadium, avec environ 67 000 spectateurs. Les Delije sont présents pour supporter leur équipe et mettent l’ambiance comme à leur habitude. Malgré un début du match dominé par les joueurs bavarois, qui ouvriront le score sur une magnifique action collective, l’Étoile Rouge égalisera juste avant la mi-temps grâce à Darko Pancev sur un contre d’école. De quoi remotiver les troupes. Au retour des vestiaires, la partie s’intensifie, et Dejan Savicevic marque à la 70e minute le second but serbe sur un nouveau contre éclair. 1-2 pour les crveno-beli, la moitié du travail est fait.
Au retour, un Marakana en fusion attend les joueurs. Et c’est Zvezda qui ouvrira le score sur un coup-franc légendaire de Sinisa Mihajlovic, suivi d’un célébration qui l’est tout autant. En seconde période, le Bayern tente le tout pour le tout en attaquant sans arrêt. Ce qui paiera, avec l’égalisation de ces derniers, bien aidés par le gardien Rouge et Blanc, auteur d’une boulette. Cinq minutes plus tard, le Bayern prendra même l’avantage. C’est au tour des Serbes de jeter toutes leurs forces dans la bataille, et de lancer des attaques incessantes. On arrive à la fin du match, et un centre de Mihajlovic sera détourné par un défenseur allemand dans sa propre cage ! Le stade explose, l’Étoile Rouge est en finale, à un match du Graal !
La Finale : Étoile Rouge – Olympique de Marseille
29 mai 1991, finale de Coupe des clubs champions européens. Cette rencontre se déroule en Italie, à Bari, dans le stade Saint-Nicolas, avec ce soir là 56 000 spectateurs dont 20 000 Delije. L’adversaire du soir est donc l’Olympique de Marseille.
Le match est fermé, les joueurs de l’Étoile veulent éviter à tout prix d’encaisser un but, et ferment donc le jeu. Les deux formations sont au coude à coude, mais en dépit de quelques actions dangereuses, aucun but ne sera marqué à l’issue des 90 minutes. Place aux prolongations !
À la 112ème minute, Eric Di Meco cède sa place à Dragan Stojkovic, que le club a vendu à Marseille la saison précédente, pour une somme record à l’époque. Malgré une domination olympienne, avec notamment un apport considérable de Stojkovic, le score n’évoluera pas. Place maintenant aux tirs aux buts !
La séance débute. Les Serbes sont les premiers à tirer, avec Robert Prosinecki qui s’élance et marque. Manuel Amoros tire en premier pour l’OM, mais Stojanovic plonge du bon côté et arrête le pénalty ! Dragisa Binic tire et parvient à prendre le gardien à contre pied. Il sera suivi par Bernard Casoni. Miodrag Belodedic assure aussi son pénalty et maintient l’avance de son équipe, avance réduite de suite par Jean-Pierre Papin, 3-2 pour Zvezda. Ensuite, Mihajlovic ne tremble pas et envoi une mine dans la cage adverse. Carlos Mozer lui répondra juste après.
Le score est de 4-3 à cet instant. Si l’Étoile Rouge marque son pénalty, elle sera championne d’Europe. Le numéro 9 Darko Pancev va placer le ballon sur le point de pénalty, et s’élance face à Olmeta. La suite appartient à l’histoire, Zvezda est championne d’Europe !
Que reste-il de cet exploit ?
Cette équipe recevra quelques années plus tard le titre de « Zvezdine Zvezde », un titre honorifique qui récompense un joueur qui aura marqué l’histoire du club. C’est bien toute la formation, nommée « Generacija 1991 », qui recevra ce titre, après respectivement Rajko Mitic, Dragoslav Sekularac, Dragan Dzajic, Vladimir Petrovic, et un certain Dragan Stojkovic.
Aujourd’hui, cet exploit est toujours la plus grande fierté du club et de ses supporters… et il y a de quoi ! C’est la seconde équipe de l’Europe de l’Est à avoir remporté une Ligue des Champions, bien que Coupe des clubs champions européens à l’époque. C’est également la dernière hors « Big Five » européen à avoir remporté ce trophée, avec l’Ajax en 1995 et Porto en 2004.
De plus, le beau jeu proposé par l’équipe, hormis en finale, pratiqué par des footballeurs issus d’une génération exceptionnelle, est un exemple du genre. C’est aussi la consécration pour la formation la plus puissante de l’Ex-Yougoslavie, déjà auteur de quelques exploits les années précédentes, et toujours présent dans les compétitions européennes. Ce sera également le dernier coup d’éclat d’une Yougoslavie qui était sur le point d’imploser.
C’était il y a 30 ans, une autre époque, un autre monde, même quand on voit ce qu’est le football aujourd’hui, où les surprises de ce genre ne sont définitivement plus possibles.
Pour finir, voici une compilation de tous les buts marqués par l’Etoile Rouge dans cette campagne européenne. Darko Pancev, Robert Prosinecki, et Dejan Savicevic étaient des magnifiques joueurs de football.