C’en est terminé de la Superliga, avec une 38e journée riche en suspens. Entre soupçons de matchs truqués dans la course au maintien, une domination sans conteste de l’Étoile Rouge avec un 32e titre, et l’émergence de jeunes joueurs…. Fudbalski Hram vous offre un résumé de cette saison si particulière.
Particulière, car contrairement aux saisons précédentes, pas de play-off pour les places européennes, ni pour la relégation. En cause, un championnat à 20 équipes, contre 16 habituellement, conséquence du Covid et de l’arrêt des matchs l’année dernière. Une Superliga qui reviendra la saison prochaine à 16 clubs, avec deux descentes. De ce fait, toutes les équipes allant de la 15e à la 20e place sont reléguées en Prvaliga.
- La révélation du championnat : Milan Makaric et son équipe, le Radnik Surdulica
Véritable sensation cette année de Superliga, le Radnik s’est hissé là où on ne l’attendait pas. Sixième au terme de la 38e journée, les hommes de Slavoljub Djordjevic avaient pourtant mal commencé l’exercice. Quatre défaites en cinq matchs. Enchaînant ensuite une impressionnante série d’invincibilité, stoppée par… l’Étoile Rouge. Leur succès, Surdulica le doit en partie à son numéro 9 : Milan Makaric. L’attaquant, presque inconnu au bataillon, a délivré huit passes décisives, et a surtout inscrit la bagatelle de 25 buts en 38 rencontres. Faisant de lui le meilleur buteur du championnat, loin devant Takuma Asano, l’ancien joueur du Partizan Belgrade avec 18 réalisations. En qualité de meilleur marqueur, Makaric a reçu le prix Slobodan Santrac. 11e l’an dernier, le Radnik aurait même pu décrocher l’Europe sans un début et une fin de saison marqué par les défaites.
- La confirmation : Lazar Tufegdzic (Spartak Subotica)
Déjà flamboyant avec le Spartak Subotica l’année dernière, le milieu offensif de 23 ans s’est définitivement révélé à la Superliga cette saison. 16 buts, huit passes décisives… des statistiques d’avant-centre pour le joueur formé à l’Étoile Rouge. Le maître à jouer de cette équipe permet à sa formation, décevante avec une modeste neuvième place, de se maintenir dans la première partie de tableau. Rare éclaircie dans la saison relativement moyenne de Subotica.
- L’espoir : Nemanja Jovic (Partizan)
Les absences répétées de Filip Stevanovic en deuxième partie de saison, la “pépite” du Partizan en partance pour Manchester City, ont permis aux amoureux du football serbe de découvrir Nemanja Jovic. Profil similaire, ailier gauche, le joueur de 18 ans étonne par sa précocité. Technique, rapide, agile balle au pied… le petit bonhomme d’1m68 a égayé la saison du Partizan Belgrade. Il sera le joueur à suivre l’année prochaine en Serbie.
- La dictature : celle de l’Étoile Rouge
Si Zvezda a pour habitude depuis maintenant quatre saisons de dominer largement la Superliga… cette année est celle de tous les records pour les hommes de “Deki”, champions sans conteste. Dejan Stankovic a apporté ce qu’il manquait à cette formation : une identité de jeu. 35 victoires, trois matchs nuls, aucune défaite, et 108 points au compteur. 32e titre et un règne sans partage, rendu possible grâce à un effectif bien huilé, et des cadres au rendez-vous. 114 buts marqués dont 16 pour Mirko Ivanic, 13 pour Aleksandar Katai, 12 pour Ben, et cinq pour Guélor Kanga. Seulement 20 buts encaissés, grâce notamment à l’éternel capitaine et gardien Milan Borjan. Autre fait notable, l’Étoile Rouge Belgrade n’a perdu aucun derby cette saison… empêchant de facto le Partizan de rêver du titre. Quelques déceptions tout de même, il en faut. Marko Gobeljic qui est en perte de vitesse depuis un certain temps, Radovan Pankov, loin d’être serein en défense centrale, ou encore Aleksa Vukanovic… qui n’a tout simplement pas le niveau pour jouer à l’Étoile Rouge.
- Encouragements du conseil de classe : Mladost Lucani, Proleter Novi Sad, Novi Pazar
Saison plus qu’honorable pour le Mladost Lucani, petite équipe modeste de Superliga. Une septième place presque inespérée, un buteur particulièrement efficace en la personne de Milan Bojovic et ses 18 buts, et des victoires contre des grosses écuries comme le Partizan. Tout comme Surdulica, personne ne les attendait à ce niveau. Juste derrière au classement, le Proleter Novi Sad réalise lui aussi un bel exercice. Le deuxième club de la ville, derrière Vojvodina, a bénéficié d’un nombre de prêts conséquent de la part d’autres équipes plus expérimentées du championnat. Une formation jeune, qui pourra toutefois regretter son faible rendement offensif. Préjudiciable pour viser plus haut.
À la 12e place, on retrouve le FK Novi Pazar. Promu l’an dernier au terme d’un imbroglio sportif et financier dont seul la Serbie (ou presque) a le secret. Après avoir aligné les billets pour rejoindre la Superliga, on aurait pu penser que Novi Pazar descendrait aussi rapidement qu’il est monté. Malgré une saison pas franchement brillante, le club a assuré l’essentiel : le maintien. Au détriment d’autres habitués de la Superliga, comme Javor ou le Rad Belgrade. Et le tout, avec des moyens très limités. La trésorerie ayant été quasiment liquidée pour accéder à l’échelon supérieur.
Leur mercato est simple, simpliste même : des joueurs libres de tous contrats, venant de Serbie et de Bosnie-et-Herzégovine, et peu en vue dans leurs clubs respectifs. Mission accomplie… la saison à venir devrait laisser du répit à la formation du Raska avec seulement deux relégations.
- Les déceptions : Partizan, Backa Topola et Radnicki Nis
Les années se suivent et se ressemblent pour les Crno-beli, éliminés sans panache en préliminaires de Ligue Europa par Charleroi à l’été 2020. Exit Savo Milosevic et place à Aleksandar Stanojevic sur le banc des Belgradois. Le Partizan a tenu la dragée haute lors des confrontations directes avec son rival de toujours l’Étoile Rouge, avec un nul et une défaite en championnat… mais a surtout perdu des points face aux petites équipes. Rien de nouveau sous le soleil. Les 17 victoires consécutives au milieu de saison n’y changeront rien. Confronté à des difficultés financières, le Partizan a du se séparer, contre sa volonté, de Takuma Asano. L’ailier et meilleur joueur de la formation belgradoise a rompu unilatéralement son contrat il y a quelques semaines, dénonçant les salaires impayés.
Comme si cela n’était pas suffisant, le buteur Jean-Christophe Bahebeck a passé son année à l’infirmerie, et son coéquipier Filip Holender n’a pas franchement marqué les esprits avec neuf petites réalisations seulement. Ajouter à cela, les scandales institutionnels autour de l’arrestation de supporters du Partizan, du groupe des “Principi”, n’arrangeant en rien les affaires d’un club, deuxième depuis cinq années. On voit mal comment un cinquième titre consécutif pourrait échapper à l’Étoile Rouge lors du prochain exercice. Néanmoins, le Partizan peut sauver sa saison en allant chercher une Coupe de Serbie contre l’Étoile Rouge. Match mardi 25 mai à 19 heures.
Européen en début de saison, Backa Topola n’a pas su confirmer tous les espoirs placés légitimement sur cette formation. Le TSC termine à “la place du con”, celle de cinquième … première non qualificative pour la Ligue Europa. Il faut dire que le sort s’est acharné sur Backa Topola. Un début de saison compliqué avec beaucoup de défaites, dû à une participation aux préliminaires de C3 qui aura laissé des traces physiquement. Un changement d’entraîneur en cours de saison, à la suite du décès de leur entraîneur, Zoltan Szabo… Bref, un exercice à oublier pour le TSC, qui termine à 13 points du premier européen, Vojvodina. Bien loin de leurs objectifs fixés.
Le Radnicki Nis est lui passé proche de la correctionnelle. Après cinq saisons dans le top 5 de Superliga, Nis s’est fait une grosse frayeur. Le début de saison est correct, sous la direction de Radoslav Batak, mais une lourde défaite 5-0 contre Vozdovac précipite le départ du jeune entraîneur. Milan Djuricic le remplace début octobre. Le Radnicki prend alors une mauvaise tournure. Malgré une victoire surprise contre le Partizan, l’équipe s’enfonce dans le ventre mou. Pire, au mois de novembre, Nis enchaîne quatre défaites sans marquer le moindre but et se fait sortir en coupe de Serbie par une équipe de deuxième division. Quand c’est trop, c’est Tropico pour le président Ivica Tončev qui se sépare de Djuricic et engage Vladimir Gacinovic (NDLR : père du joueur d’Hoffenheim). Les défaites continuent et la 15ème place, synonyme de relégation, se rapproche dangereusement. Début avril, Gacinovic est remercié à son tour et Aleksandar Stanković prend sa place. On entre alors dans l’objectif maintien. Relégable avant la dernière journée de Superliga, Nis sauve sa peau à la dernière journée. Grâce à une victoire 5-1 contre le dernier, Backa Palanka. Avec une 13e place, une relégation aurait été un véritable cataclysme, et pour le club, forcément, mais aussi pour le football serbe. Le Radnicki n’est pas passé loin de payer très cher son instabilité chronique.
- Les grands perdants : le Rad Belgrade et le Macva Sabac
Pas vraiment de surprise concernant le Macva Sabac. Sauvé la saison passée par l’arrêt des matchs et le gel des descentes. Cette fois-ci, plus de sursis pour Sabac, 19e, qui descend logiquement en Prvaliga. Accompagné par le Rad Belgrade. Déjà en difficulté l’an dernier, le quatrième club belgradois, historiquement parlant, descend au terme d’une saison entachée par des soupçons de matchs truqués. Inoffensif et apathique, le Rad s’est réveillé en avril, avec quatre victoires consécutives en Superliga, du jamais vu depuis bien longtemps pour les locataires de Banjica… sans parler d’une louche victoire 7-1, lors de l’avant dernière journée contre Sabac. Une rencontre alimentant énormément de soupçons de trucage, en raison du score fleuve, et de l’évolution des côtes observées en amont du match. Le sprint final a démarré trop tôt, les trucages, s’ils sont avérés, ont visiblement commencé trop tard… et le Rad, 15e, retrouvera 13 ans après la Prvaliga.
À moins que le recours de Javor (16e) aboutisse. Ivanjica a demandé, auprès de la Fédération de football serbe, à ce que la Superliga se joue à 18 équipes l’année prochaine. Javor et Rad, qui appuie la demande, seraient alors maintenus. Mais on n’en est pas là. Loin de là !
Quoi qu’il en soit, le Radnicki Kragujevac et Kolubara sont promus en Superliga.
Avec les participations de @RadnickiNisFR , Bojan Stanojevic et Milan Markovic
Crédit photo : FK CRVENA ZVEZDA