Championne pour la sixième fois de suite, l’Étoile Rouge règne sans impressionner. Backa Topola et Cukaricki disputeront une Coupe d’Europe la saison prochaine, pour la première fois de leur histoire. Le Partizan termine hors du podium, une première depuis plus de 30 ans. Enfin, le spectre des matchs truqués a fait son retour dans une intense course au maintien. Alors que l’exercice 2022-2023 de SuperLiga s’est achevé, on vous livre ses divers enseignements.
Le champion : l’Étoile Rouge (1er, 97 points)
Avec 30 victoires et 7 matchs nuls, l’Étoile Rouge est invaincue en SuperLiga. Avec 96 buts inscrits et 19 encaissés, elle termine à la fois meilleure attaque et meilleure défense du championnat. Pour la troisième saison consécutive, les “crevno-beli” réalisent le doublé en remportant la Coupe de Serbie. Une saison presque parfaite sur le plan comptable malgré de nombreuses critiques, concentrées autour d’un homme : Milos Milojevic.
Il faut dire que le technicien serbo-suédois de 40 ans, arrivé en août dernier, a eu la lourde tâche de remplacer Dejan Stankovic. Très apprécié des “Delije”, “Deki” a remis sa démission après avoir échoué à emmener l’Étoile Rouge en Ligue des Champions, pour la troisième fois consécutive (défaite en barrages face au Maccabi Haïfa, NDLR). La mission de Milojevic est de remobiliser un groupe lassé par ces échecs successifs, chose loin d’être aisée. Son Étoile Rouge ne parvient pas à établir une identité de jeu, et déroule d’elle-même grâce à ses individualités. L’inconstance de Zvezda en Europa League est également pointée du doigt, elle qui a terminé dernière d’un groupe composé de Monaco, Ferencvaros et Trabzonspor.
De même, les joueurs cadres se sont moins illustrés que les saisons précédentes. Déterminants sous Stankovic, Aleksandar Katai et Mirko Ivanic, ont connu une baisse de régime. Sur le front de l’attaque, Aleksandar Pesic peine à convaincre les supporters “crveno-beli”. Des signes de fébrilité qui amorcent la nécessité d’amener du sang frais, alors que Zvezda est directement qualifiée pour les phases de groupes de Ligue des Champions. Cette tâche sera à la charge de Barak Bakhar, l’entraîneur bourreau de l’Étoile Rouge avec le Maccabi Haïfa en début de saison.

La sensation : TSC Backa Topola (2ème, 74 points)
Saison historique pour Backa Topola ! Pour sa quatrième saison dans l’élite serbe, le club de Voïvodine effectue son meilleur classement, et se qualifie pour le troisième tour qualificatif de Ligue des Champions 2023-2024. Une performance qui bouscule l’ordre établi par les deux géants de Belgrade, et qui ne doit rien au hasard.
D’une part, Backa Topola s’est structuré grâce aux investissements généreux de l’État hongrois. Dans sa volonté de rassembler sa diaspora autour du sport, Viktor Orban et son gouvernement ont investi près de 9,5 millions d’euros pour construire une académie de football. C’était en 2018, et le club était encore en troisième division. Ce lourd investissement porte ses fruits, symbolisé par la belle saison de Petar Ratkov. Formé au club, l’avant-centre de 19 ans a inscrit 13 buts pour les siens cette saison. De même, Backa Topola est doté d’un stade parmi les plus modernes de Serbie. D’une capacité de 4500 places, répondant aux normes UEFA, il a été inauguré en septembre 2021, avec un coût estimé à 25 millions d’euros.

D’autre part, le TSC s’est démarqué par son style de jeu protagoniste. Zarko Lazetic a bâti un système à trois défenseurs centraux, offrant à ses joueurs une assise défensive confortable. L’équipe est capable de varier son animation : tantôt, elle passe par ses pistons pour élargir le jeu, tantôt, elle combine en quelques touches de balles dans les petits espaces. Le club a su recruter intelligemment. Arrivé en provenance de Metalac l’été dernier, le défenseur central de 25 ans Nemanja Stojic s’est imposé comme un titulaire indiscutable. À tel point qu’il a été appelé par Dragan Stojkovic pour représenter la Serbie en janvier dernier. Autant de signaux positifs qui laissent à penser que le TSC s’établira de manière pérenne sur le podium en Serbie.
Mention spéciale : Cukaricki (3ème, 75 points) et Novi Pazar (6ème, 51 points)
Auteur d’une saison solide, Cukaricki termine décroche son ticket pour les barrages de Ligue Europa. Les “brdjani” sont assurés de disputer une Coupe d’Europe pour la première fois de leur histoire. Finaliste malheureux de la Coupe de Serbie remportée par l’Etoile Rouge (1-2), le club de la banlieue belgradoise a pu se reposer sur son capitaine, Marko Docic. Le milieu de terrain de 30 ans réalise un double-double, en inscrivant 11 buts et délivrant 11 passes décisives.
Soulignons la belle saison de Novi Pazar. Deuxième de SuperLiga entre la 8ème et la 10ème journée, le club de “Raska” a surperformé, et s’est offert le droit de disputer les play-offs de SuperLiga pour la première fois de leur histoire.
La déception : le Partizan (4ème, 71 points)
Pour la première fois depuis la saison 1989-1990, alors que la Yougoslavie existait encore, le Partizan termine hors du podium sur la scène nationale. Après avoir réalisé sa pire entame au XXIème siècle (1 victoire, 2 nuls et 1 défaite, NDLR), les “crno-beli” se sont écroulés en 2023, remportant trois des dix derniers matchs de la saison régulière. En point d’orgue, l’humiliant revers à domicile face au Mladost GAT, pour sa première saison dans l’élite, le 11 février dernier (0-4). La défaite de trop pour les “Grobari”, qui se réunissent massivement devant le “JNA Stadion” douze jours plus tard, pour demander la démission du tandem Milorad Vucelic – Milos Vazura.
À la tête du club depuis 2016, les deux hommes forts du Partizan sont pointés du doigt alors que les “crno-beli” courent derrière un titre de champion depuis 2017. Trois entraîneurs se sont succédés sur le banc cette saison, aucun n’ayant les épaules assez solides pour assumer la difficulté du poste. Après un mercato estival complètement raté, aucune recrue n’a tiré son épingle du jeu sur la globalité de la saison. Des joueurs comme Ljubomir Fejsa ou Sinisa Sanicanin ont symbolisé le manque de qualité existant dans ce groupe, dont la fin de cycle est actée. Seule consolante : le titre de meilleur buteur revient à Ricardo Gomes, pour la deuxième fois consécutive. L’attaquant cap-verdien de 31 ans a inscrit 19 buts cette saison.

Plus que jamais, le Partizan doit se renouveler, alors qu’un énorme flou entoure la saison qui arrive. La situation économique du club est préoccupante, alors qu’aucun chiffre n’a filtré sur la dette réelle, et que l’État serbe a offert une dotation pour que les “crno-beli” obtiennent la licence UEFA, nécessaire pour disputer la Coupe d’Europe. Au sein de la JSD Partizan, l’association omnisport au sens large, des voix s’élèvent pour démanteler l’équipe dirigeante, mystérieusement silencieuse. Au milieu de tout ça, une faible place est laissée au secteur sportif. Difficile d’imaginer un entraîneur travailler dans ces conditions, alors que l’incertitude demeure, tant sur le plan des arrivées que celui des départs.
Mention spéciale : le Radnicki Nis (13ème, 35 points)
Deuxième de SuperLiga au terme de la saison 2018-2019, le Radnicki Nis est au bord du précipice. Ce bastion historique du football serbe, s’apprête à disputer les barrages face à Indjija, 4ème de PrvaLiga. Le match allé, disputé le 31 mai dernier, a donné avantage au club de deuxième division (3-1). Un résultat catastrophique qui est la conséquence d’une gestion instable et hasardeuse de la part de son président, Ivica Toncev. Cette saison, le club a enregistré 21 départs, pour 25 arrivées. De quoi faire pâlir Waldemar Kita.
Le club de la honte : Kolubara (15ème, 32 points)
On pensait que Kolubara avait tranquillement assuré son maintien. Au terme de la saison régulière, le club de Lazarevac était de SuperLiga, avec 12 points d’avance sur la 13ème place, synonyme de barrages. Seulement, Kolubara concède 5 défaites sur la phase de play-outs. Parmi elles, une défaite face à la lanterne rouge, le Mladost GAT (0-1), ainsi qu’un large revers face au Spartak Subotica (0-3). Deux résultats qui ont interpellé l’UEFA, qui s’est empressée d’alerter la Fédération Serbe de football. Après enquête, la FSS conclut à une atteinte à l’intégrité de l’équité sportive, et sanctionne Kolubara d’un retrait de 9 points. Confirmée en appel, la décision acte la descente des mineurs en PrvaLiga.
Crédit photo : MN Press