Après des débuts professionnels compliqués, le gardien de but a gravi les échelons jusqu’à se faire un nom en Liga. Portrait.
Le jeune Marko commence le football à l’Étoile Rouge, son club de cœur, où il passe toutes les équipes jeunes jusqu’à l’équipe A. Une période pas forcément évidente pour le principal intéressé, qui en a parlé pour “As” : “C’était difficile quand j’ai quitté la maison à l’âge de 15 ans, mais maintenant je comprends que ça en valait la peine“. Il reste officiellement trois saisons avec les pros, sans disputer le moindre match officiel. Début 2013, alors âgé de seulement 21 ans, il se retrouve au chômage, sans club. Une période forcément compliquée pour le jeune homme, qui ne lâche rien et veut rebondir ailleurs.
En Hongrie et en Angleterre, une relance mitigée
Après cet échec à Belgrade, il déménage dans une capitale voisine : Budapest. Ujpest, un des principaux clubs de la ville, s’attache les services de l’espoir. S’il commence la saison 2013-2014 sur le banc, il la termine en tant que titulaire, ceci en sélection comme chez les espoirs serbes. Une bonne chose pour le Serbe. Mais le début d’exercice suivant est loin d’être mémorable, car il ne dispute que deux matchs en coupe et aucun en championnat, ce qui signifie donc un retour en arrière.
Dmitrovic ne veut plus rester à Budapest et lorsqu’il reçoit une offre d’Angleterre, il n’hésite pas à relever le défi : “Je cherchais à partir de Hongrie. J’ai reçu une offre de Charlton […]. C’était une ligue plus forte et je voulais me tester.” . Là aussi, l’aventure tourne court dans une équipe qui se battait alors pour sa survie en Championship : “C’était un moment délicat, un combat pour la survie […]. Tout était deux fois plus important que d’habitude. Chaque but encaissé signifiait une perte de points et le club descendait. Je suis apparu dans cinq matchs et rien ne s’est amélioré. L’entraîneur m’a changé et quand je me suis assis sur le banc, l’équipe a commencé à bien jouer. Et c’est pourquoi j’ai cherché une meilleure option.“. Sa carrière ne décolle toujours pas, continue de faire du sur-place.
La révélation en Espagne
Après seulement cinq rencontres à Londres, le gardien reçoit une proposition inattendue d’Alcorcon, qui va être déterminante dans la suite de sa carrière : “L’offre est apparue soudainement. C’était le seul club qui avait une confiance totale en moi. Je leur dois beaucoup. Muniz (entraîneur du club à l’époque, NDLR) a “parié” sur moi, il m’a aimé au Championnat d’Europe des moins de 21 ans. La décision est pour moi était facile.“. Le résultat est immédiat, il devient titulaire indiscutable en seconde division espagnole. Il peut enfin avoir du temps de jeu et progresser. Après cette première saison en prêt, il rejoint définitivement à l’été 2016 le club de la banlieue de Madrid. Si son équipe a du mal sur le terrain, le gardien se révèle être performant. À tel point que Slavoljub Muslin fait appel à lui en sélection serbe, lors des qualifications pour la Coupe du Monde 2018. S’il n’honore pas encore sa première cape avec les Orlovi, il montre bien que ses performances ne sont pas passées inaperçues dans son pays natal.
Mais aussi en Espagne, car Eibar le recrute lors du mercato estival 2017 contre un petit million d’euros. Et c’est là que le portier va se faire un nom. Il continue sa progression linéaire dans le club basque en Liga, où il est dès son arrivée titulaire. Sa première saison est convaincante, il contribue directement à la 9e place glanée par son équipe. Il fait également ses débuts avec la sélection serbe, lors de matchs amicaux contre la Corée du Sud et le Maroc.
Les bonnes performances continuent les saisons suivantes, ce qui lui permet de devenir en 2018 et 2019 le numéro un en sélection. À Eibar, il est indiscutable et prend même le loisir de … tirer des pénaltys de son équipe. Avec plus ou moins de succès. Son passage au Pays Basque est lui une totale réussite, et Marko s’est fait un nom.
Ses bonnes performances attirent l’œil de clubs plus huppés. Si on parle avec insistance de l’Atletico Madrid en doublure de Jan Oblak, c’est finalement le FC Séville que rejoint le portier, alors âgé de 29 ans. Il est désormais doublure, il est en effet difficile de déloger Yassine Bounou de son poste. Si on peut penser, à juste titre, que c’est du gâchis tant Marko a sa place de titulaire garantie dans de nombreux clubs, on ne peut pas lui en vouloir tant il a galéré à ses débuts. Il passe d’indésirable en Serbie et en Hongrie à titulaire en Liga puis joueur de Séville en quelques années. Et rien que ça, ça force le respect.
Dmitrovic a récemment annoncé prendre sa retraite internationale.
Méprisé à ses débuts, prenez toujours Marko au sérieux. Même (et surtout) à la bagarre !
Crédits photo de présentation : Soccrates Images/GettyImages