Véritable phénomène à l’Étoile Rouge, l’avant-centre s’épanouit actuellement de l’autre côté de l’Atlantique. Présentation d’un joueur qui pourrait prochainement faire parler de lui.
Des débuts canons
Pur produit du centre de formation de Zvezda, il signe son premier contrat professionnel en mars 2016, il a alors 16 ans. Mais il attrape la mononucléose et doit attendre début 2017 pour reprendre la compétition avec les jeunes, où il cartonne. Sa véritable éclosion se produit lors de l’exercice 2017-2018, où Dejan affole les compteurs. Après avoir passé la préparation estivale avec l’équipe première et prolongé son contrat jusqu’en 2021, il rejoint les U19 et fait exploser les statistiques à presque chaque match. Les buts montent vite, très vite : 11 en 5 matchs, puis 16 en 7 après un quadruplé, 19/9, 24/13 suite à un triplé contre le Partizan, 30/14 après avoir inscrit un sextuplé (!) lors d’une seule et même rencontre … il passera la barre des 40 réalisations au printemps suivant.
Il est impressionnant chez les pros également, car si sa première apparition en décembre relevait plus de la symbolique, il va pouvoir s’affirmer lors des trois dernières rencontres de la saison. Il marque un doublé pour sa première titularisation et inscrit un but pour le dernier match de la saison. Présent dans le jeu et pas seulement dans la surface, il nous montre qu’il est prêt pour passer un pallier et prendre un rôle plus important en équipe première. Ces impressionnantes performances seront reconnues à l’international, puisqu’il sera parmi les 100 candidats au Golden Boy 2018.
Beaucoup trop fort pour les jeunes, Vladan Milojevic, entraîneur à l’époque, l’intègre définitivement en équipe première. Exception faite pour la Youth League, où les U19 sont automatiquement qualifiés suite à l’accession du club en Ligue des Champions. Dejan dispute les quatre premières rencontres et marque lors de trois d’entre elles, contre chacune des équipes du groupe. Avec les pros dans la compétition reine, il dispute l’intégralité de la seconde période contre Naples au stade Diego Armando Maradona, puis la toute fin de partie contre le PSG à Belgrade. En championnat, il joue peu, se contente de quelques entrées en jeu de temps en temps et rares sont les titularisations. Il réalise cependant quelques prouesses, comme un doublé en 18 minutes contre Vojvodina, ou trois buts en cinq matchs de Coupe de Serbie disputés. Il est dur pour un jeune joueur de se faire une place à l’Étoile Rouge, timide avec la formation malgré un potentiel certain, Dejan en est un bon exemple. Malgré tout, il termine l’exercice 2018-2019 avec 11 réalisations et deux passes décisives en 24 matchs avec les professionnels, ce qui est excellent pour un minot de 19 ans.
Ses statistiques totales avec les rouges et blancs ? 14 buts, deux passes décisives en 28 matchs. Solide.

Trop discret à Francfort
Ses performances prometteuses du côté de la Serbie l’emmènent en Allemagne à l’été 2019, plus précisément à Francfort. L’Eintracht débourse en effet 4 millions d’euros et un petit pourcentage sur la prochaine vente, pensant tenir le remplaçant de Luka Jovic, parti au même moment contre 60 millions d’euros du côté du Real Madrid. Il fait ses débuts en fanfare, avec un but sous ses nouvelles couleurs à peine sept minutes après sa première entrée en jeu. C’était contre le Flora Tallinn, au second tour qualificatif aller de Ligue Europa. Mais l’euphorie retombe vite car son temps de jeu ne décolle pas. Au contraire, ses apparitions sont rares, elles ne seront que 10 pour ses 6 premiers mois au bord du Main, dont seulement 4 en championnat. Dejan est encore jeune, c’est sa première expérience à l’étranger et la marche entre la Superliga et la Bundesliga est haute. Il aurait sûrement fallu le laisser se développer encore une ou deux saisons à Belgrade, où il n’était pas encore incontournable.
Afin de lui donner plus de temps de jeu à un niveau moindre, mais assez élevé pour qu’il progresse et passe un palier, il est prêté à Anderlecht lors de l’hiver 2020 pour y finir l’exercice. Et ce n’est pas vraiment une réussite, car il ne dispute que cinq matchs avec les Belges, pour un but et une passe décisive. De plus, la première vague de COVID-19 et l’arrêt du championnat qui en découle freinent son intégration et sa progression, alors que son temps de jeu était satisfaisant. Dejan stagne, mais il est fort mentalement et sait ce qu’il veut : jouer au football et progresser, coûte que coûte.
Pour cela, direction l’Autriche et Wolfsberger pour un prêt d’une saison. Frêle physiquement, il paye de sa propre poche un des experts en conditionnement physique les plus réputés d’Europe pour travailler cet aspect. Il s’épaissit mais est toujours aussi vif, ce qui l’aide sur le terrain. S’il commence son mandat par des entrées en jeu, il devient au fil de la saison incontournable en étant progressivement le meilleur buteur de son équipe. Il termine ce qui est alors son premier exercice complet avec 20 buts et cinq passes décisives en 46 matchs TCC. Cette pige à Wolfsberger est un succès total, on imagine alors l’avant-centre revenir en force du côté de Francfort et pourquoi pas prétendre à une place de titulaire.

Le rêve américain
Mais à la surprise générale, Dejan s’envole à Los Angeles en août 2021, contre 3,5 millions d’euros. Et c’est le mythique club des LA Galaxy qui s’offre ses services. Un choix de carrière pas compris de tous, car il est vrai que partir en MLS à cet âge est un pari osé. Mais pas forcément fou quand on voit à quel point ce championnat se développe et le nombre de joueurs, souvent jeunes, qui rejoignent l’Europe.
Sauf que dans l’écurie qui a notamment vu passer Zlatan Ibrahimovic, un certain Chicharito Hernandez était bien installé au poste d’avant-centre lors de son arrivée. Ceci a provoqué quelques questions sur le statut du Serbe, mais il est clair qu’il venait dans l’optique de remplacer progressivement Chicharito, qui n’est plus tout jeune. De plus, le club n’avait pas de remplaçant adéquat en cas de blessure du Mexicain. L’arrivée de Joveljic n’est donc pas vraiment une surprise, surtout qu’il est jeune et possède une marge de progression, tout en ayant précédemment prouvé sa valeur. Sur le papier, cela a presque tout du bon coup.
Dans les faits, il est dès son arrivée “super-sub”, avec peu de temps de jeu, généralement autour de 30 minutes par match. Il est titulaire à six reprises sur 13 matchs possibles. Il marque ses deux seuls buts lors du derby contre LAFC, qu’il complète avec deux passes décisives dans deux autres rencontres. Il faut attendre 2022 pour voir Dejan se faire un nom dans la ville qui a vu naître Metallica (et tellement d’autres légendes). S’il commence la saison comme il a terminé la dernière, il se révèle le 30 mais contre Austin, où il marque deux buts et distribue deux passes décisives en … 33 minutes. Une performance remarquable qui permet de réellement le lancer, d’autant plus que son entraîneur, Greg Vanney, commence à le titulariser. Malgré la mauvaise forme de son équipe, il se distingue avec huit buts en autant de rencontres, solide. Mais le retour en forme de Chicharito, étonnamment épargné par les blessures, va le reléguer une nouvelle fois à un rôle de super-sub de luxe malgré ses prestations convaincantes.
Pourquoi ne pas l’associer devant avec le Mexicain ? C’est une question que de nombreux supporters des Los Angeles Galaxy se posent. Mais l’entraîneur Greg Vanney n’a pas l’air d’avoir envie de leur accorder ce plaisir, pour des raisons qui échappent à un peu tout le monde. Mais aussi pour une question de hiérarchie avec d’autres joueurs (Douglas Costa, Kévin Cabral désormais plus au club) qui ont leur place sur les ailes dans un 4-2-3-1, malgré leur inefficacité. Et il est dommage de se passer de la mobilité du serbe, et de toutes les autres qualités (vitesse, finition, jeu de tête …) qui font de lui un joueur complet. Cependant, Chicharito s’est blessé et pourrait être absent pour le début de la saison de MLS, Dejan pourrait (et doit) en profiter.
Au final, il termine l’exercice 2022 avec 16 buts et trois passes décisives en 39 matchs TCC, un bilan remarquable tant ses minutes sur le terrain sont réduites. Il tourne à une réalisation toutes les 80 minutes, c’est presque deux fois mieux que Chicharito, son principal concurrent. Certes, le Serbe n’a pas l’aura ni toute l’expérience que possède l’ancien pensionnaire de Manchester United, et n’est probablement pas (encore) aussi talentueux que lui, mais il nous a prouvé qu’il peut et doit être beaucoup mieux qu’un remplaçant. On le sait depuis son éclosion en Serbie, le potentiel est bien là et il ne cherche qu’à être exploité. Dejan est patient, mais la prochaine saison pourrait déjà être décisive pour lui, surtout si son statut n’évolue pas. En tout cas le joueur le sait, il reviendra tôt ou tard en Europe, espérons que d’ici là il laisse son empreinte sur le continent américain.
Un grand merci à L.A. Galaxy France et Antoine Latran pour leur participation !
Crédits photo de présentation : Website LA Galaxy