Après cinq années de bons et loyaux services, l’international Comorien quitte l’Étoile Rouge. Retour sur un passage qui marquera à jamais le club et ses supporters.

Indispensable d’entrée

Pour certains, son aventure avec les rouges et blancs a commencé avant sa signature au Marakana en janvier 2018. L’été précédent, le Comorien avait en effet inscrit un doublé avec l’Olympiakos à quelques mètres de là, contre le Partizan au troisième tour qualificatif de Ligue des Champions. Deux réalisations qui ont permis au frère grec de l’emporter 3-1 face au rival éternel, puis de l’éliminer sur l’ensemble des deux rencontres. Une début de saison en fanfare qui sera de courte durée, car l’attaquant ne dispute ensuite que neuf matchs avec le club du Pirée. Le mercato hivernal arrive, l’Étoile Rouge sent le bon coup et l’attire dans ses rangs contre 500 000 €. Il faut dire que l’entraîneur de l’époque, Vladan Milojevic, le connaît bien. Les deux hommes ont fait le bonheur de Panionios lors de la saison 2016-2017, avec une cinquième place historique synonyme d’Europe.

Il arrive à Belgrade lors d’une saison là aussi historique. En effet, l’Etoile Rouge a retrouvé une Coupe d’Europe, en l’occurrence la Ligue Europa, après dix ans de diète. Mieux, elle se qualifie pour le printemps européen après une attente de … 25 ans ! C’est d’ailleurs contre le CSKA Moscou, en huitièmes de finale aller au Marakana, qu’il dispute son premier match officiel pour son nouveau club. Il est d’ailleurs tout proche d’inscrire le but qualificatif au retour, qui ne viendra malheureusement jamais. En tout cas le tempo est donné, il a du feu dans les jambes et convainc tout le monde dès le début. Une passes décisive pour son premier match de championnat contre Javor entre ces deux chocs européens, il marque son premier but début mars contre Vojvodina. Le premier d’une longue série. Positionné principalement ailier droit ou deuxième attaquant, il empile vite les buts et passes décisives, devenant une pièce maîtresse du système de Vladan Milojevic. Pour ses six premiers mois entre la Save et le Danube, il compte huit réalisations et six passes décisives en 16 rencontres, plus un premier titre en carrière (Superliga). Prometteur.

Taillé pour l’Europe

Mais c’est à partir de la saison suivante qu’il prend une nouvelle dimension. L’objectif lors de l’été 2018 est de se qualifier pour la Ligue des Champions, qui serait une première depuis 27 ans. “Big Ben” décide de prendre les choses en main. Il marque contre chaque adversaire, inscrit deux buts capitaux et une passe décisive contre le Spartak Trnava au troisième tour qualificatif. Disputant l’intégralité de toutes les rencontres, il est clairement le danger numéro un de l’équipe sur le plan offensif.

Mais un match va le faire passer dans une autre dimension. Il s’agit bien sûr du retour contre le Red Bull Salzbourg en Autriche. Si l’aller se termine sur un bon 0-0 à Belgrade, les rouges et blancs ont encore toutes leurs chances la semaine suivante. Dominés dans la plupart des compartiments du jeu et menés 2-0, les rouges et blancs sonnent une révolte aussi rapide qu’intense à l’heure de jeu. Sur deux centres, Ben pousse la balle au fond des filets à deux reprises en l’espace de deux minutes, ramène les Serbes à égalité et les qualifie pour la première fois en phase de poules de Ligue des Champions depuis 27 ans. La légende est écrite.

Le Comorien continue sur sa lancée lors des groupes. Capable de quelques fulgurances dans le groupe de la mort (PSG, Liverpool, Naples), proche de marquer contre les Reds, il ouvre son compteur au Stadio Diego Armando Maradona après un numéro de Marko Marin. Son unique but dans la compétition. Il est en effet privé de Ligue des Champions la saison suivante, officiellement pour cause de transfert ayant capoté au dernier moment, ne laissant pas le temps aux rouges et blancs de l’enregistrer pour la compétition.

L’arrivée de Dejan Stankovic sur le banc ne change rien à son importance pour l’équipe, en témoigne son triplé et sa passe décisive contre la modeste équipe d’Europa FC, au premier tour qualificatif de Ligue des Champions 2020-2021. Malheureusement, l’Etoile Rouge ne parvient pas à se qualifier pour la compétition reine, mais la Ligue Europa lui réussit bien. Il marque un doublé et une passe décisive contre le Slovan Liberec (5-1) quelques semaines plus tard, est passeur sur les deux buts rouges et blancs contre La Gantoise en Belgique. Il marque à San Siro lors des seizièmes de finale contre l’AC Milan (1-1), où son équipe a réalisé un match mémorable. Ajoutez à cela 12 réalisations en Superliga lors du même exercice, vous avez une nouvelle saison très solide.

Si son influence a progressivement baissé depuis de la saison dernière, il restait un des principaux dangers de l’équipe.

Une nouvelle légende en Serbie

Il n’est pas rare de voir écrit qu’il est le meilleur joueur étranger de l’histoire du club. Il a grandement contribué au retour de l’Étoile Rouge en Ligue des Champions, et d’une manière générale sur la scène européenne. En 196 matchs officiels, il a marqué 83 buts et distribué 47 passes décisives, des chiffres stratosphériques pour un joueur d’un autre pays. Il devient le meilleur buteur étranger de l’histoire de Zvezda, mais aussi du football serbe, dépassant Lamine Diarra qui était à 66 unités.

Un professionnel irréprochable, exemplaire sur en dehors des terrains. Dans les moments difficiles, il est resté focus sur son travail et n’a pas bronché, on repense à son non inscription en Ligue des Champions en 2019 car le club l’avait forcé à partir, lui préférait rester … ce qui était la meilleur solution et de loin. Une longévité en Serbie qui lui a même valu d’être éligible à la nationalité serbe, qu’il a obtenu. Il a répété de nombreuses fois qu’il voulait rester en Serbie à la fin de carrière et nous a dit “à bientôt”.

On oublie sûrement plein d’autres faits et anecdotes sur le Comorien, devenu également une légende dans son pays. Mais le respect qu’on lui porte est immense.

El Fardou Ben, ce nom ne vous dit sans doute rien, mais en Serbie n’importe quel amateur de foot le connaît et personne ne le déteste. Ce qu’il a réalisé ici est immense et il restera à jamais une légende du club et de Superliga.

Merci Ben !

Crédits photo de présentation : MN Press

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