Mois : novembre 2020

Borjan – Degenek : destins croisés des gamins de Knin

Située au centre de la Croatie, Knin sous la Yougoslavie était peuplée de beaucoup de Serbes, comme sa région, la Krajina. Durant la guerre qui a frappé de plein fouet la région à la fin du 20e siècle, les populations serbes ont été obligées de fuir en Bosnie ou Serbie, principalement pendant l’opération tempête (oluja) qui a eu lieu en aout 1995. Deux réfugiés de la guerre en 1995, deux natifs de Knin et deux joueurs de l'Étoile Rouge Belgrade. Milan Borjan, le gardien de Zvezda, et son comparse, le défenseur Milos Degenek, partagent des cicatrices communes. Malgré cette enfance marquée

1999 : le football serbe face à l’agression de l’OTAN

Aucune autre activité que le football peut se prévaloir d’être une bouffée d’oxygène en temps de guerre. Ce fut le cas en Serbie, lors de l’opération « force alliée ». Un long raid mené en 1999 par les pays occidentaux, les États-Unis en fer de lance, pour empêcher un nettoyage ethnique sur les Albanais au Kosovo. Si on sait aujourd’hui, grâce notamment au travail de l’historien Jean-Arnault Dérens, qu’aucun génocide n’était planifié, la chose était moins évidente, à l'époque, pour « l’opinion publique ». Devant la diabolisation faites du peuple serbe, et les horreurs subies par les civils dans ces temps

Le cas Ivic : Ilija de l’eau dans le gaz

Ilija Ivic va donc être le premier joueur serbe à vêtir le maillot jaune et bleu de la sélection kosovare. Celui-ci évoluera en équipe U19. À Belgrade, l’annonce a fait l’effet d’une bombe. Qui est ce jeune footballeur, quelles sont les conséquences de sa décision et quelles sont les problématiques posées par ce choix controversé ?  Ilija Ivic à 16 ans. Il voit le jour à Pristina en 2003, une époque où la guerre se fait encore ressentir et où la pauvreté fait partie intégrante du quotidien au Kosovo. Pour Serbes et Albanais. Pas facile alors de percer dans le football

Kosovo – FK Trepca : le salut de Mitrovica nord

Si les recensements ethniques sont perpétuellement remis en cause, on estime à environ 12 000 le nombre de Serbes vivant à Mitrovica nord (Kosovo), sur les 80 000 habitants établis dans le district de « Kosovska Mitrovica ». Un déséquilibre démographique qui pousse au regroupement. De l’autre côté du pont, côté nord, les loisirs sont maigres, la pauvreté est prégnante et le manque de considération de Belgrade, flagrante.   Fondé en 1932, le FK Trepca est le club du Kosovo au passé le plus glorieux. Crée par des ouvriers de la « Trepca mines », il évolue régulièrement en seconde division yougoslave

ENTRETIEN. Nenad Dzodic : « en fonction du profil demandé, on doit être capable de proposer des joueurs » – Partie 2

Dans ce second entretien, nous évoquons cette fois-ci avec Nenad son actuel poste au sein de la cellule recrutement du MHSC. On a parlé aussi de son futur, de la sélection...le tout, ponctué d’une touche d’humour. Interview réalisée en mars 2020 Tu arrêtes ta carrière, quelle est la suite des évènements pour toi ?J’ai fait 2ans de formation. Mon premier et deuxième degré à moitié, mais j’ai choisi une autre voie. Je suis à la cellule de recrutement, avec des vues sur les Balkans, où j’ai la facilité de communiquer avec les gens. Au début c’était plus orienté Balkans, mais maintenant c’est

Coupe du monde 1990 : la dernière Yougoslavie

À l’intersection entre deux générations talentueuses, la république socialiste a les armes pour réaliser un parcours honorable. Toutefois, un contexte politique pesant va ajouter de la pression à une sélection qui s’apprête, sans le savoir, à disputer sa dernière compétition internationale. Ce ne sont plus 23 Yougoslaves, mais des Bosniaques, Croates, Slovènes, Macédoniens, Serbes et Monténégrins, arrivant en ordre dispersé, qui vont cohabiter ensemble pendant un long mois.  Le 3 juin 1990, la sélection yougoslave reçoit les Pays-Bas dans le stade Maksimir de Zagreb. Au moment des hymnes, le « Hej, Slaveni ! » est conspué et les joueurs sont insultés. Le

ENTRETIEN. Nenad Dzodic : « je n’ai pas seulement appris à être un footballeur, mais aussi un homme » – Partie 1

Il est de ces joueurs qui laissent des traces indélébiles là ou il passe. C'est le cas de Nenad Dzodic, ancien défenseur de Montpellier de 1997 à 2004, puis de 2007 à 2011. Nous revenons avec lui sur une carrière riche en émotions.  Tu commences ta carrière à Zemun en 1995, quels souvenirs gardes-tu ? C’était mon club d’enfance. J’y ai joué dans toutes les catégories jeunes y compris en professionnel, où j’ai débuté à 17ans et demi. Je garde un souvenir inoubliable de mon premier match contre l’Étoile Rouge au Marakana, on avait perdu 3-1. C’est à Zemun, où j’ai grandi tout

ENTRETIEN. Mihailo Ristic : « j’ai été élevé avec une certaine mentalité : être toujours meilleur que mon adversaire »

Pour notre première interview exclusive nous recevons le latéral gauche montpelliérain, Mihailo Ristic. Très discret dans les médias français, on a rencontré le joueur serbe pour parler de sa carrière, son adaptation en ligue 1 et ses ambitions futures.  Interview réalisée en Mars 2020 Mihailo, tu es à Montpellier depuis une année, quel bilan dresses-tu de ton expérience pour l’instant ? Je ne suis là que depuis 1an mais mon expérience est très bonne. J’aime beaucoup la région. Au début, c’était un peu dur de s’adapter à l’équipe, au niveau et à la ville. Maintenant tout va bien et j’ai un meilleur niveau.

FK Cukaricki : le club modèle de Serbie

Loin des strass et paillettes des deux grands clubs belgradois, Cukaricki s’est imposé en peu de temps comme un élément incontournable de notre bonne vieille SuperLiga. Peu réputé hors des frontières serbes, hormis pour les « aficionados » de Football Manager, présentation de la formation la plus saine du pays.  L’année 2011 marque un tournant pour Cukaricki. Évoluant alors en PrvaLiga, la seconde division, le club fondé en 1926 connait des grosses difficultés financières et est proche de faire faillite. Équipe belgradoise peu populaire et sans histoire majeure, Cukaricki va devenir un modèle de réussite en quelques années . En 2011, l'entreprise locale

Hongrie, politique et football : pourquoi le FK Backa Topola est-il aussi performant ?

Encore en Prvaliga lors de la saison 2018-2019, le TSC Backa Topola a réalisé une excellence première saison en Superliga en se hissant à la quatrième place. Une réussite intimement liée à celle d'un homme, le premier ministre hongrois Viktor Orban. Ville de 15 000 habitants et située en Vojvodine, Backa Topola est peuplée majoritairement de Hongrois. La Vojvodine, province serbe, accueille une minorité magyare qui tend à s’accroitre au fil des années. Pourquoi cela ? Parce que la région aiguise l’appétit de Viktor Orbán. L’homme fort de Budapest, qui a posé les premières pierres de sa nouvelle politique nataliste,