L’ensemble des dirigeants, qu’ils soient politiques ou sportifs, s’accordent à dire que le pays a besoin de moderniser ses infrastructures. Ainsi, les intentions de rénovation ou de reconstruction se multiplient. Avec l’objectif de donner un nouvel élan au football serbe.
C’était une des promesses d’Aleksandar Vucic. Offrir à la Serbie des pelouses de qualité, sur l’ensemble du territoire. Lors d’un déplacement à Kraljevo en septembre 2019, le président serbe entérinait la construction de nouvelles installations. Subotica, Zajecar, Loznica, Kraljevo et Vranje seront ainsi dotés de stades de 8 000 places, conçus selon les exigences de l’UEFA. L’État Serbe s’est engagé à verser près de 20 millions d’euros par chantier.
Hormis Subotica, les villes citées abritent des clubs de seconde ou troisième division. Les affluences étant relativement faibles, difficile d’expliquer l’intérêt de ces travaux sous le simple prisme footballistique. Il faut comprendre que ces investissements s’inscrivent dans une politique plus globale. Le plan « Srbija 2025 », présenté en décembre dernier par Vucic, constitue un plan de relance de 14 milliards d’euros. « Nous ferons de notre pays un meilleur endroit pour vivre », lançait la première ministre Ana Brnabic à cette occasion. À travers cette enveloppe conséquente, le gouvernement cherche à contrer l’exode croissant des jeunes, développer l’économie ainsi que le tourisme.

Objectifs 2028 et 2030
En effet, le sport est vecteur de tourisme, notamment par le déplacement de fans locaux ou étrangers. D’ailleurs, le gouvernement s’est rapproché de la Fédération Serbe de Football dans un objectif commun : accueillir une compétition internationale. En 2018, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Serbie ont signifié à la FIFA leur volonté d’accueillir la Coupe du Monde 2030. Cette candidature balkanique s’ajoute à celles du Maroc, ainsi que du dossier commun présenté par l’Argentine, du Chili, du Paraguay et de l’Uruguay. L’accueil de l’EURO 2028 a, elle aussi, été évoquée.
Pour le moment, quatre stades ont été retenus en Serbie pour accueillir la Coupe du Monde. Celui qui retient toute l’attention n’est pas encore sorti de terre. Prévu à Curcin, municipalité proche de la capitale, un stade national destiné à la sélection devrait voir le jour. Ce nouvel écrin devrait accueillir au moins 50 000 spectateurs, et coûter au moins 250 millions d’euros. Le Stadion Rajko Mitic, et le Cair Stadion de Nis, ont également été retenus. Ce dernier pourrait être orné d’un toit, mais aucun chantier n’a débuté à ce jour. Enfin, le Cika Daca de Kragujevac pourrait être de la partie. En août dernier, le ministre des sports et de la jeunesse a présenté un plan ce rénovation pour cette enceinte vétuste.


Un nouveau souffle pour le championnat local ?
Cette politique de modernisation des infrastructures sportives est vue positivement par les suiveurs du football serbe. « C’est nécessaire », affirme Filip, supporter de l’Etoile Rouge. « Certains joueurs étrangers partent après une seule saison, car ils se plaignent de jouer dans de mauvais stades et sur de mauvaises pelouses. Certains clubs ne peuvent jouer dans leur propre stade, car ils ne sont pas conformes aux normes ».
On peut par exemple penser à Proleter, qui doit jouer dans le Karadjordje Stadion de Novi Sad, pourtant attribué à Vojvodina. « Mis à part Metalac, qui possède un stade moderne [NDLR : où jouent les « Orlici »], les autres jouent dans des vieux stades. Par exemple, les enceintes de Javor et du Rad Beograd sont en très mauvais état » ajoute Filip.
L’année dernière, Zvezdan Terzic, président de l’Etoile Rouge, présentait un projet ambitieux : la construction d’un nouveau stade. Prévu sur le site du « Marakana », il pourra abriter 42 000 fans. Sur les 200 millions d’euros prévus pour les travaux, qui devraient commencer l’année prochaine, près de la moitié sera payée par l’État serbe. « Le stade est difficile à reconstruire. La distance entre les vestiaires et le terrain est un problème. La réalisation des conférences de presse est un problème. Le stade a un million de problèmes », déclarait Zvezdan Terzic en conférence de presse.
Ce dernier cherche aussi à diversifier et augmenter les revenus des « crveno-beli » : « Nous devons rechercher des sources de financement alternatives, nous ne pouvons pas nous contenter de vendre des joueurs ». À l’heure actuelle, aucun permis de construire n’a encore été délivré. De plus, la crise économique liée au coronavirus pourrait retarder la livraison de l’enceinte.

Cependant, à court terme, les « Zvezdasi » ont du mal à voir l’intérêt derrière ce projet. En effet, des travaux ont été entrepris afin de se conformer aux normes de l’UEFA. La prudence est donc de mise. « J’y suis allé cent fois et le stade est propre, affirme Filip. Le stade est beaucoup mieux. Il n’y a pas de place pour une autre rénovation, car tout ce qui devait être fait a été fait. Les seuls travaux que l’on peut faire sont au niveau du toit. Seule la tribune ouest est couverte ». Néanmoins, quand on lui demande si une nouvelle enceinte le satisferait, il reconnait : « Je pense que de personnes ne comprendraient pas la construction d’un nouveau stade ».
Côté Partizan, le directeur général Milos Vazura a annoncé sa volonté de couvrir l’ensemble des tribunes du Partizan Stadion. Enfin, le nouveau stade de Backa Topola, qui devrait être inauguré en octobre, est à inscrire dans un autre contexte. En effet, les fonds sont alloués par le gouvernement de Viktor Orban, qui voit dans le club de Voïvodine une opportunité de développer le nationalisme magyar. Malgré les différents objectifs évoqués, la finalité est quasiment similaire : attirer du monde dans les stades, et y développer un secteur économique.
