Personnage sulfureux du football balkanique, le joueur de l’AEK Athènes déchaine les passions. On l’adore ou on le déteste, mais une chose est sûre, il ne laisse personne indifférent. D’origine Serbe, défendant les couleurs de la Bosnie et Herzégovine, il divise profondément dans les deux camps. Retour sur les frasques qui ont constitué sa réputation.
Le natif de Banja Luka (ndlr : Bosnie et Herzégovine) n’a en apparences aucune raison de susciter constamment la polémique comme il le fait. Joueur moyen, ayant écumé un nombre de clubs incommensurables, il se distingue par son arrogance et ses faits d’armes. Ces derniers lui ont bien souvent couté sa place, que ce soit à Anderlecht, son club actuel, ou en sélection nationale.
Pourtant s’il s’avère être un joueur relativement standard, sur le terrain, c’est un homme généreux, qui donne tout. Sa vie, comparable à un feuilleton américain qui a mal tourné, est sans conteste l’une des plus trépidantes parmi celles des footballeurs d’Ex-Yougoslavie.
Des premiers pas prometteurs
L’ancien joueur de Krasnodar débute sa carrière dans le club de sa ville, au Borac Banja Luka. Il fait ses débuts en équipe professionnelle en 2006, découvre la Premijer Liga de Bosnie et Herzégovine et marque directement les esprits. Dur sur l’homme, Il totalise 40 rencontres en 2 saisons. Ses bonnes performances vont être récompensées et il s’envole pour l’Étoile Rouge en 2009. Comme une sorte de consécration pour lui.
Une fin en soi. Il y a certes une concurrence importante mais Il va surtout adopter l’attitude qu’on peut lui connaitre : arrogant et suffisant. Au final, il ne jouera que 4 maigres rencontres vêtu de la tunique rouge et blanche.
À l’intersaison 2010, 6 mois après son arrivée, il est prêté à Napredak. Toujours fort de son image d’espoir, il est attendu au tournant dans son nouveau club. D’autant plus qu’il débarque pour jouer les premiers rôles. L’opération s’avérera être un échec, qui vient s’additionner à celui de Belgrade pour l’international bosnien. Prêté sans option d’achat, il retourne dans la capitale serbe pour être de nouveau prêté en Moldavie, au Sheriff Tiraspol.
Utilisé arrière droit, alors que son physique imposant et sa faible vitesse nécessitent obligatoirement de le titulariser dans l’axe, il ne s’imposera là encore jamais au Sheriff, ne prenant part à aucune rencontre de championnat. Cet échec s’explique par le geste du bosnien, suite à un tour préliminaire opposant son club au Dinamo Zagreb. Victorieux à la fin du match, il a ensuite paradé tout autour de la pelouse avec un t-shirt « Delije » (ndlr : ultras de l’Étoile Rouge). Une attitude forcement pas du goût de la direction, qui l’a logiquement mis au ban.
Il souffle le chaud et le froid, est capable du meilleur comme du pire, mais son attitude désinvolte lui joue souvent des tours. Le natif de Banja Luka est plus discothèque à 4 heures du matin qu’entrainement à 9 heures. Forcément, il devient dès lors le vilain petit canard de l’effectif et enchaîne de facto les longues blessures.
Paradoxalement, il fait ses débuts en sélection de Bosnie et Herzégovine en 2010, alors même que sa situation est sportivement compliquée. Toutefois, étant conscient qu’il n’avait à l’époque pas le niveau pour la sélection serbe, on peut émettre l’hypothèse qu’il s’est rabattu sur celle Bosnienne. Une éventualité qui restera bien-sûr une supposition, le joueur ne l’ayant jamais officiellement confirmé, mais ses tatouages parlent en faveur de cette supputation.
À Anderlecht, le début des frasques extra-sportives
Alors qu’il sort d’une saison pleine avec l’AEK Athènes en 2018, surement l’une des plus abouties de sa carrière, l’international Bosnien décide de s’engager à Anderlecht. Cette signature va marquer le début des frasques extra-sportives du joueur.
Ses tatouages sont souvent la cause des polémiques qu’il suscite. Ayant gardé une proximité avec les ultras de l’AEK, s’affichant régulièrement sur Instagram vêtu du matériel des « Original 21 », le néo-Anderlechtois a la bonne idée de se faire tatouer sur le pectoral gauche « AEK Hooligans ». À ce moment-là, les dirigeants ont surement dû se demander : « mais qui est ce gugus ? »
Autre affaire, lorsque on lui a reproché d’avoir le portrait d’un chef de guerre serbe, ayant potentiellement collaboré avec les Nazis (ndlr : les historiens sont divisés à ce sujet). Il s’agit de Momcilo Djujic. Ognjen Vranjes ne s’est pas fendu d’un communiqué pour s’excuser comme l’aurait fait un joueur lambda. Il a même justifié le port de ce tatouage : « Pour moi, Djujic est un esprit qui a eu le courage de s’opposer à un occupant dans le but de défendre mon peuple. L’Histoire a plusieurs visages. »
Enfin, fin utilisateur des réseaux sociaux, et surtout d’Instagram, le natif de Banja Luka a continué de creuser sa tombe en publiant deux messages. Le premier, à l’intention du club de l’Ajax Amsterdam, se déplaçant à l’AEK. Une publication où était inscrit « Bienvenue en enfer ». Ça fait tâche quand on connait les excellentes relations entre Anderlecht et l’Ajax.
Le second visait Dusko Tosic, ou plutôt sa femme, Jelena Karleusa. La célèbre chanteuse aurait reçu des avances de Ognjen Vranjes, lequel aurait envoyé une photo de son sexe. Évidement l’affaire a fait grand bruit, et l’ancien joueur de Sochaux a depuis promis de régler cette affaire par les poings.
Très sûr de lui, il a auprès de « Het Laatste Nieuws », un média belge, justifié son attitude : « Mes erreurs ont toujours été amplifiées, et je ressens cela comme une injustice. Dans un certain sens, je suis maintenant le bouc émissaire, c’est injuste. J’ai payé mes faux pas beaucoup trop chers ».
Persona non grata en Bosnie et Herzégovine
Du côté de Sarajevo aussi, on ne peut plus « encadrer » l’homme. Depuis l’affaire du tatouage de Momcilo Djujic, combiné à celui de la « Republika Srpska » qui l’a depuis effacé au laser, l’individu est rejeté par ses propres supporters.
Pourtant le compte de fée semblait bien commencer. En difficulté dans ses clubs respectifs, Vranjes a néanmoins su devenir une pièce maitresse du XI bosnien. Près de 40 apparitions sous le maillot jaune et bleu. Seulement, depuis 2015 et son inscription représentant les frontières de la République serbe de Bosnie sur le bras droit, les BH Fanaticos, principal groupe ultra de la sélection, ne veulent plus le voir en équipe nationale. D’ailleurs, les affrontements physiques entre les deux parties étaient monnaies courantes lorsqu’il évoluait encore avec les « zmajevi » (ndlr : dragons).
Il s’est exclu de lui-même de son équipe nationale
Devant la pression, la fédération de Bosnie de football s’est fendue d’un communiqué condamnant les actions du principal intéressé. Si le premier, datant de 2015, est resté lettre morte et avait plus valeur de mise en garde, le second actait purement et simplement la fin de la carrière internationale de l’ancien Anderlechtois en 2018. « Il en a trop fait, il s’est exclu lui-même de son équipe nationale », a précisé Robert Prosinečki, l’ancien sélectionneur.
Interrogé par nos soins au sujet d’Ognjen Vranjes, Andy, supporter de la sélection de Bosnie et Herzégovine nous a confié : « ça ne me dérange absolument pas qu’un serbe ou un croate joue pour la Bosnie, mais après faut qu’il se batte pour son pays, et pas qu’il se tatoue la République serbe ou Momcilo Djujic ». Pour Aleksandar, supporter serbe, « Vranjes est un opportuniste ». Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne fait pas l’unanimité chez les Serbes et encore moins chez les Bosniaques.
À Athènes comme à la maison
Revenu du côté de l’Acropole sous la forme d’un prêt, après des mois passés en réserve avec les mauves, Ognjen Vranjes semble avoir retrouvé une deuxième jeunesse. Ou du moins, une première vieillesse. En effet, le joueur semble plus mature, est dans son élément et enchaîne les bonnes prestations. Mais comme on ne peut pas changer totalement un homme, il a bien évidemment gardé ses liens sulfureux avec le hooliganisme athénien. Il est le premier à poster des clichés, encore une fois sur Instagram, de lui en compagnie de joyeux loubards cagoulés de 120kg.
Une amitié dont se targue le joueur, mais qui lui a surtout permis de revenir en Grèce. Le président du club, Dimitris Melissanidis voulait faire plaisir aux supporters en récupérant Vranjes. « Je vais même engager des psychologues pour l’encadrer » avait déclaré le dirigeant.
Après une saison en prêt du côté de l’AEK, Vranjes est revenu en Belgique en juillet 2020, à Anderlecht. Sur 13 matchs possibles, le défenseur n’a été titularisé qu’à quatre reprises cette saison, malgré la bonne entente qu’il a avec son entraîneur, Vincent Kompany.
Tantôt diviseur, tantôt rassembleur, à désormais 30 ans, les frasques semblent être derrière lui, même si elles le suivront toujours tout au long de sa carrière.