Il est de ces joueurs qui laissent des traces indélébiles là ou il passe. C’est le cas de Nenad Dzodic, ancien défenseur de Montpellier de 1997 à 2004, puis de 2007 à 2011. Nous revenons avec lui sur une carrière riche en émotions.
- Tu commences ta carrière à Zemun en 1995, quels souvenirs gardes-tu ?
- C’était mon club d’enfance. J’y ai joué dans toutes les catégories jeunes y compris en professionnel, où j’ai débuté à 17ans et demi. Je garde un souvenir inoubliable de mon premier match contre l’Étoile Rouge au Marakana, on avait perdu 3-1. C’est à Zemun, où j’ai grandi tout connu et tout appris. Quand je reviens dans ce stade, il y a énormément d’émotions car j’ai beaucoup d’amis. Grâce à eux, Je n’ai pas seulement appris à être un footballeur mais aussi un homme.
- Le contexte de la guerre se répercutait sur le foot ? Je pense notamment aux salaires.
- En Serbie, dans le championnat, il n’y avait aucun souci bien qu’il y avait des tensions. Quand j’évoluais à Zemun, c’était un club respecté et organisé. Il n’y avait pas beaucoup d’argent, mais les versements étaient réguliers. Ils ont respecté leur parole. Ce qu’ils ont promis, ils l’ont donné.
- Tu pars ensuite à Montpellier, ce n’est pas trop compliqué de partir dans de telles circonstances ?
- C’était compliqué la première année. J’arrive à 20ans après un tournoi « Méditerranée » disputé avec la sélection en Italie. Je suis venu direct et j’ai signé pour 5 ans à Montpellier. Je ne parlais pas la langue et je suis arrivé seul. Nenad Stojkovic m’a toutefois énormément aidé concernant le système français, les impôts…
- La guerre a joué dans ton choix de quitter le pays ?
- Quand Montpellier s’est offert à toi, tu t’es dit que c’était le moment de partir ? Non, on sentait le poids des sanctions mais pour moi partir n’était pas l’idée principale. J’avais des propositions de L’Étoile Rouge et du Partizan. J’évoluais en espoir donc c’était un cheminement naturel d’évoluer dans l’un de ces clubs avant de quitter le pays. Finalement, ça ne s’est pas fait car Zemun préférait l’option étrangère, et donc financière.
Si tout était à refaire, je le referai
- Quel est ton meilleur souvenir de joueur ?
- Mon meilleur souvenir c’est la montée en Ligue 1 avec Montpellier en 2009. 6 journées avant la fin, on nous disait que c’était impossible pour nous de monter. On fait 5 victoires, 1 nul et on monte. Contre Strasbourg. Envahissement du terrain, c’était… voila… J’avais aussi fini meilleur buteur d’Intertoto en 99. Comme quoi, les défenseurs arrivent aussi à marquer. Enfin, Montpellier m’a permis de retrouver la sélection nationale et j’en étais tellement content et fier.
- Pourquoi quitter Montpellier pour Ajaccio ?
- On était descendu en Ligue 2 et Robert Nouzaret, le nouvel entraineur, voulait changer l’effectif. J’étais en fin de contrat et on ne m’a pas prolongé. Fin Aout, j’avais plusieurs options notamment en Espagne et en Angleterre, en D2. Ma femme était enceinte, on est donc restés en France. Ajaccio s’est manifesté, j’y suis allé et je ne regrette pas du tout. Très enrichissant humainement parlant. J’ai découvert un très joli coin avec des gens très sympa.
- Pourquoi être revenu à Montpellier ?
- On est descendu en Ligue 2 avec Ajaccio et j’étais en fin de contrat. « Coach Courbis » me propose de revenir et j’accepte. Je suis parti de Montpellier sur un échec avec la descente, mon objectif était donc de ne pas finir ma carrière en laissant Montpellier en Ligue 2.
- Avec quel joueur as-tu préféré jouer en charnière centrale ?
- Dur à dire, car j’ai évolué avec Franck Sylvestre et Bruno Carotti. Je finissais ma formation, et j’ai appris à leurs côtés. J’ai bien sur évolué avec Emir (ndlr : Spahic). Des retrouvailles avec une personne des Balkans, avec qui on a de suite eu un feeling. On s’est vite trouvé sur le terrain. Contre Paris, lors du premier match en Ligue 1 depuis la remontée, sur un corner de Belhanda, je dévie au premier poteau et Emir plante derrière. Ça lance notre saison et on termine 5ème. Les adversaires nous prenaient toujours pour des méchants, on avait peur de nous. Ça s’est vu quelques fois.
- Avec qui as-tu adoré jouer en sélection ?
- Je n’ai pas joué beaucoup… (ndlr : 5 sélections). Bon, avec Sinisa Mihajlovic, Zoran Mirkovic et Mladen Krstajic.
- Une anecdote qui t’as marqué dans ta carrière ?
- « Loulou » m’a dit, quand il y avait les bombardements à Belgrade, qu’il pouvait me prêter un avion pour mes parents. Je te donne mon avion privé et tu vas les chercher me disait-il.
- Ta plus grande déception ou regret en tant que joueur ?
- Je n’ai pas de regret, si tout était à refaire, je le referai.
Propos recueillis par Sacha Tisic