Son physique de colosse laisse à penser qu’il avait un bel avenir en défense. C’est pourtant sur le front de l’attaque que Nikola Zigic a décidé de s’installer. Le natif de Backa Topola a réussi, par son style, à marquer les clubs par où il est passé, même quand il fut dans la difficulté.

Son père était footballeur. Sa mère était basketteuse. C’est donc tout naturellement que le fils a consacré sa vie au sport. Il choisit d’embrasser la passion du paternel, et de fouler les pelouses. Pourtant, peu de gens croyaient en lui. Déjà grand, il ne semblait pas avoir le physique adéquat. « Au début, c’était difficile, car tout le monde pensait que je ferai du basket ou du voley-ball », explique-t-il à B92. Son premier club est l’AIK (NDLR : actuel TSC), le club de sa ville, où il joue défenseur. Le petit Nikola s’ennuie ferme, préférant enquiller les buts plutôt que d’éviter d’en prendre. Replacé sur le front de l’attaque, il n’arrête pas de faire trembler les filets adverses. De quoi lui promettre un bel avenir.

Une jeunesse passée à convaincre

Cet avenir, il semble compromis dans une Serbie en proie à des bombardements. Comme de nombreux jeunes, il vit dans une peur constante lorsque l’OTAN tente de faire plier Slobodan Milosevic en 1999. Des événements qui ont permis à Zigic de forger son caractère, et repousser ses limites. « C’étaient 90 jours sans dormir. Il n’y avait ni lumière, ni eau. C’était très dur, mais cela m’a beaucoup endurci », expliquait-il pour « Canal Athletic ».
Après des passages réussis au Mornar Bar, à Kolubara et au Spartak Subotica, Zigic est repéré par Slavojub Muslin, alors entraîneur de l’Étoile Rouge. Il signe chez les « crveno-beli » en 2003, et réalise le plus grand rêve de sa vie. Il enchaine les bonnes performances et devient titulaire incontournable pendant 3 saisons. En 2003, lors d’un Veciti derbi remporté 3-0, l’avant-centre inscrit un but et célèbre en faisant mine de mettre un panier de basket. Un pied de nez à ses détracteurs, qui n’ont pas cru en son avenir dans le sport roi. Il reste surtout célèbre grâce à son but d’anthologie contre la Roma en Coupe UEFA, une performance qui constitue le plus gros exploit des « crveno-beli » lors de la dernière décennie. Ses 47 buts dans le club de la capitale serbe lui ouvrent les portes de la sélection nationale. Il connait son premier match avec les « Orlovi » en 2004 face à la Norvège, et fait partie du groupe qui va en Afrique du Sud, à la Coupe du Monde 2010.

Indésirable à Valence à l’été 2006, Zigic rejoint le Racing Santander, alors en première division. Recruté contre 6 millions d’euros, il devient la recrue la plus chère de l’histoire du club cantabre. L’Espagne voit alors débarquer un attaquant de plus de 2 mètres. On est loin du profil fin et technique, qui fait frétiller tout amoureux du ballon rond. Aux côtés de Pedro Munitis, il forme le « Duo Sacaputos ». 35 centimètres séparent ces deux hommes. C’est pourtant leurs différences qui vont les rendre complémentaires, et contribuer aux performances des « Racinguistas ». Le géant serbe inscrit 11 buts et délivre 5 passes décisives, devenant le chouchou des supporters.

Son positionnement en tant que second attaquant lui permet de développer au mieux ses qualités physiques, sa capacité à faire jouer les autres et à libérer les espaces. « Je préfère jouer avec un attaquant à côté de moi. C’est plus simple pour moi, lui passer rapidement le ballon, le faire jouer dans les espaces pour qu’il marque des buts. C’est beaucoup plus difficile quand je suis seul, parce que tu ne peux pas couvrir toute la surface seule. Donc tu attends l’appui d’un milieu, où d’un joueur de côté », décrit-il à B92.

Son adaptation express et ses bonnes performances vont attirer l’œil de Valence, qui va le recruter la saison suivante, contre 14 millions d’euros. Malheureusement, il ne réussit à convaincre ni Quique Sanchez, ni Ronald Koeman. Le batave déclare publiquement ne plus vouloir de ce joueur. Il finit donc par regarder ses coéquipiers en tribunes. En janvier 2009, il retourne dans le club qui l’a fait connaitre au grand public, en prêt. Un choix gagnant, puisqu’il parvient à s’y relancer, et inscrit 13 buts en 19 matchs. A son retour, Unai Emery se décide à lui donner du temps de jeu, sans pour autant lui offrir une place de titulaire.

@EOfutbol (Twitter)

Héros de Birmingham 

Indésirable à Valence, Nikola Zigic s’en va découvrir un troisième pays : l’Angleterre. En 2010, il signe à Birmingham City contre 6 millions de livres, devenant la recrue la plus chère de l’histoire du club. Alors en Premier League, les « Blues » ont pour objectif de se maintenir, après une saison convaincante dans l’élite. Malheureusement, ils échouent et sont relégués en Championship. « Big Zig », comme il fut surnommé, inscrit 5 buts cette saison-là. Cet échec cuisant contraste cependant avec un exploit retentissant : la victoire en Carling Cup, (NDLR : actuelle Coupe de la Ligue). L’avant-centre serbe est un acteur majeur dans cette performance. En quarts de finale face à Aston Villa, il inscrit le but de la victoire dans les 5 dernières minutes, et fait chavirer le St Andrew’s Stadium. A Wembley, il inscrit le premier but de la finale face à Arsenal. Sur corner, il reprend le ballon d’une tête dos au but, qui trompe Szczesny. Un exploit qui le fait rentrer dans le cœur des supporters, et qui lui donne le droit d’être chanté par le stade de Birmingham.

©Getty Images

La saison suivante, Birmingham joue l’Europa League grâce à son succès en coupe, mais est éliminé en phase de poules. En parallèle, l’objectif est de remonter en Premier League. Zigic inscrit 11 buts cette saison, et aide les siens à décrocher une place de barragiste. Face à Blackpool, les « Blues » s’inclinent 1-0 à l’aller, et sont menés 2-1 au retour. Le grand attaquant inscrit le but de l’égalisation à la 87ème minute, et permet aux siens de croire encore à la montée. Ils n’arrivent malheureusement pas à inscrire le 3ème but, et n’arrivent donc pas à monter. Il ne connait pas d’autres moments de gloire lors de son passage en Angleterre. Silencieux malgré les critiques, travailleur même dans les moments difficiles, Nikola Zigic a su cultiver un professionnalisme hors-pair, qui lui a permis de durer au plus haut niveau.  

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