Encore en Prvaliga lors de la saison 2018-2019, le TSC Backa Topola a réalisé une excellence première saison en Superliga en se hissant à la quatrième place. Une réussite intimement liée à celle d’un homme, le premier ministre hongrois Viktor Orban.
Ville de 15 000 habitants et située en Vojvodine, Backa Topola est peuplée majoritairement de Hongrois. La Vojvodine, province serbe, accueille une minorité magyare qui tend à s’accroitre au fil des années. Pourquoi cela ? Parce que la région aiguise l’appétit de Viktor Orbán. L’homme fort de Budapest, qui a posé les premières pierres de sa nouvelle politique nataliste, mise énormément sur ses diasporas, sources de richesses mais aussi de « Soft power ».
Orbán, le fou de foot
Au-delà de ses prises de positions notoires, faisant parfois polémique, le premier ministre est très féru de sport, et en particulier de football. Ancien joueur amateur de 4ème division, il a compris que le football pouvait être vecteur de rayonnement régional et international.
Chef du gouvernement pour la seconde fois en 2010, il entame alors une politique de développement des infrastructures sportives. En 2012, il offre au club de Puskás Akadémia, un stade flambant neuf. Ce n’est pas anodin puisque l’équipe évolue à Felcsút, là où Viktor Orbán a passé une partie de sa jeunesse. Peu après, c’est au tour de Ferencváros TC et Debrecen VSC de bénéficier d’une nouvelle entre. Deux écrins de 22 000 places, dont une, celle de Ferencvaros TC à Budapest, qui accueille l’équipe nationale.
Il s’arrange aussi pour placer à la tête de la majorité des clubs des dirigeants qui lui sont favorables. C’est le cas à Puskás Akadémia, où le président du conseil d’administration est Lőrinc Mészáros. Un riche homme d’affaires et proche du clan Orbán. Toutefois, les visées de l’homme ne s’arrêtent pas là. Elles dépassent même les frontières. Environ 2 millions de citoyens habitent dans un pays frontalier de la Hongrie. Un vivier d’électeurs à ne pas négliger.
Le premier ministre use du même modèle avec les clubs représentants la diaspora. En Slovaquie, il finance le DAC Dunajska Streda et en Roumanie le ACS Sepsi. Depuis peu, en Serbie, celui-ci finance le FK TSC Backa Topola. À la question : « pourquoi investir en Serbie ? », il rétorque : « Il y’a beaucoup de Hongrois qui vivent en Serbie, et notre patrie s’intéresse au sort de sa population partout dans le monde ».
Des financements exorbitants
Actuel 5ème de Superliga, le club dispose de moyens importants, qui feraient pâlir beaucoup d’équipes. Le gouvernement, avec comme intermédiaire la fédération hongroise de football, a injecté près de 9,5 millions d’euros dans une académie de football. Une somme colossale à l’échelle de la Superliga. C’était en septembre 2018 et le club évoluait encore en 3ème division de Vojvodine. Depuis, 2 montées sont venues orner son palmarès.
Cette académie, inaugurée en grandes pompes par le premier ministre en personne, dispose d’infrastructures ultramodernes. Un terrain central, 4 terrains auxiliaires et des lieux consacrés à la récupération et à la musculation. Le but est aussi de composer le futur de l’équipe nationale de Hongrie. Beaucoup de joueurs évoluant à Backa Topola ont la double nationalité. C’est d’autant plus vrai dans les équipes de jeunes. Viktor Orban avait déclaré à propos de ces binationaux : « la jeune génération est attachée à la Serbie ». En les plaçant sous son giron, l’état s’assure quasiment de la fidélité des espoirs.

Quant aux ultras locaux, pour l’anecdote, les « Blue Beytars » sont régulièrement accusés par des groupes du pays, d’être eux aussi financés par le gouvernement magyar. Des rumeurs difficilement prouvables.
Concurrencer le Partizan et l’Étoile Rouge
Les hommes de Zoltán Szabó, le technicien passé par Donji Srem et Jagodina, avaient commencé la saison tambours battants. Premier fin septembre, grâce aux reports des matchs de l’Étoile Rouge et du Partizan, le club s’était méthodiquement renforcé lors des deux mercatos. 8 arrivées au total, dont beaucoup qui avaient déjà évoluées en Superliga. Parmi elles, Nenad Lukic, l’ancien buteur d’Indjija ou Vladimir Siladji.
Quatrième pour leur première saison en Superliga, Backa Topola a pu gouter aux joies de la Coupe d’Europe en début de saison. Les joueurs de Voivodine se sont inclinés au deuxième tour de Ligue Europa contre le FCSB, 5-4 lors de la séance de tirs au but, après un match dingue se soldant sur un 6-6.
Le rêve secret de Viktor Orban serait de remporter le titre et de mettre fin à la suprématie belgradoise. Cela passe par la rénovation du « Stadion Senta », vétuste et ne pouvant contenir que 5000 personnes. Une action qui paraitrait logique au regard de son aventure naissante avec Backa Topola.