À quelques kilomètres de Belgrade, se trouve l’une des formations les plus truculentes du football professionnel serbe. Le FK Zemun. Club au palmarès inexistant, il doit sa notoriété à son identité et à ses supporters. 

Municipalité aujourd’hui rattachée à Belgrade, Zemun a pendant de nombreuses années été une ville à part entière. Avec son histoire et son identité. Il est essentiel d’intégrer son passé pour répondre à la question suivante : mais pourquoi il y’a-t-il des ultras à Zemun ? Alors qu’ils pourraient, en quelques minutes de voiture, se rendre dans le centre-ville belgradois et supporter l’une des deux grosses équipes du pays. 


Une identité singulière 

Zemun est une localité apparue au 1er siècle après J.C. Les Romains s’y installèrent et fondèrent « Taurunum » sur la colline Gardos, un quartier de la ville. Son histoire s’est construite perpétuellement en opposition à celle de Belgrade. D’une part car elle fut baladée de royaume en empire, quand Belgrade restait Serbe. Tantôt intégrée à l’empire ottoman, tantôt sous domination autrichienne et annexé par les nazis croates (oustachis) lors de la seconde guerre mondiale, les habitants ont vadrouillé entre empire et royaume, d’état fasciste (Croate) à état communiste (Yougoslave) , et cela a eu pour principale conséquence le renforcement de l’identité locale. D’une autre part car la municipalité a toujours été le symbole du prolétariat quand Belgrade fut celui de la bourgeoisie. En bref, ne dites jamais à un natif de Zemun qu’il est Belgradois. Auquel cas, il risquerait de mal le prendre. Le FK Zemun verra le jour au sortir de la guerre, en 1946, lors d’une assemblée générale tenue dans une petite salle de cinéma du coin. 


La naissance et le développement du mouvement ultra à Zemun 


Le mouvement ultra apparait dans la commune en 1987. Elle est le fait du regroupement de 3 entités de supporters, les « Testas Caldas », les « Pajtosi » et les « Godfathers ». Tout ce beau monde se réunit sous une bâche commune, les « Taurunum Boys 1987 ». Du nom latin de l’ancienne ville fondée par les Romains. L’explosion de la Yougoslavie est aussi un formidable coup de pouce pour les groupes ultras en Serbie, souvent muselés par le régime, par peur de débordements nationalistes.

En 1995, deux sous-divisions viennent renforcer le régiment des « Taurunum Boys » avec la création des « The Boys » et « Dragons ». Le dernier étant aujourd’hui la section la plus influente dans les travées du stade. Cette arrivée correspond, à ce qui va être pendant des années, l’âge d’or du supportérisme local. Pendant près d’une vingtaine d’années, entre 100 à 300 ultras viennent garnir les tribunes du stade municipal.

Avec comme point d’orgue, une finale de coupe de Serbie en 2008, réunissant près d’un millier de supporters jaunes et verts. Malgré la défaite face au Partizan, ce match donne un nouveau souffle aux « Taurunum Boys », qui continuent leur expansion. L’objectif pour eux est aussi de détourner les plus jeunes de l’Étoile Rouge et du Partizan. « Notre plus grand succès a été d’éveiller les jeunes générations, de leur faire aimer Zemun, et ça, en dépit des résultats de Zvezda et du Partizan » a affirmé un leader du groupe auprès de Ultras-tifo.net en 2011. 

Concernant les ennemis, Plava Unija (OFK Belgrade) et Firma (Vojvodina) sont les deux principaux rivaux des jaunes et verts. Tandis que ces derniers ont tissé depuis les années 1990, des relations plus qu’amicales avec les ultras du Radnicki Kragujevac, les Crveni Djavoli. À l’étranger, les ultras du Krylia Sovetov et de l’Iraklis Thessalonique entretiennent des bonnes relations avec les « TB87 ».  
Aussi, l’engagement de ces supporters ne s’arrêtent pas là. Il dépasse les frontières de la Serbie, puisqu’ils sont parmi les premiers à avoir suivi de manière organisée les matchs des aigles blancs à l’international.  


Quel avenir pour les Taurunum Boys ? 

Aujourd’hui, avec la descente la saison dernière en seconde division, les « Taurunum Boys » traversent une passe difficile. Leur bloc à domicile se vide progressivement et l’âge d’or des tribunes semble être révolu. Une poignée de fidèles se tiennent encore dans les travées du stade. Une cinquantaine par match environ. Toutefois, leur parcage à Smederevo prouve qu’ils restent capables de mobilisations importantes pour des matchs qui le sont tout autant. 


En difficulté en Prvaliga, le club est conscient que pour drainer à nouveau un noyau d’inconditionnels, il faudra se sortir des difficultés actuelles et viser la promotion la saison prochaine. D’autant plus lorsque l’on se targue d’être le seul club du coin à pouvoir chiper du public aux deux monstres du football serbe.   

By Sacha Tisic

Journaliste. Je n'ai confiance qu'en mon Desert Eagle et en Mitrović dans les arrêts de jeu.

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